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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

ses aspérités blessent. Puissent du moins mes heures expirantes refléter l’attendrissement et le charme dont elle les a remplies sur celle qui fut aimée de tous et dont personne n’eut jamais à se plaindre !

Murat, roi de Naples, né le 25 mars 1767 à la Bastide, près Cahors, fut envoyé à Toulouse pour y faire ses études. Il se dégoûta des lettres, s’enrôla dans les chasseurs des Ardennes, déserta et se réfugia à Paris. Admis dans la garde constitutionnelle de Louis XVI[1], il obtint, après le licenciement de cette garde, une sous-lieutenance dans le 12e régiment de chasseurs à cheval. À la mort de Robespierre, il fut destitué comme terroriste[2] ; même chose arriva à Bonaparte, et les deux soldats demeurèrent sans ressources. Murat rentra en grâce au 13 vendémiaire, et devint aide de camp de Napoléon. Il fit sous lui les premières campagnes d’Italie, prit la Valteline et la réunit à la République Cisalpine ; il eut part à l’expédition d’Égypte et se signala à la bataille d’Aboukir. Revenu en France avec son maître, il fut chargé de jeter à la porte le conseil des Cinq-Cents. Bonaparte lui donna en mariage sa sœur Caroline. Murat commandait la cavalerie à la bataille de Marengo. Gou-

  1. Sur les conditions dans lesquelles il sortit de la garde constitutionnelle de Louis XVI, voir, au tome II, la note 1 de la page 39 (note 43 du Livre VII de la Première Partie).
  2. Après la mort de l’Ami du Peuple, Murat, par le simple changement d’une lettre, transforma son nom en celui de Marat. Il est si fier de son invention que, dans une lettre qu’il écrit le 18 novembre 1793 et où il presse l’exécution d’un « modérantiste », il appose quatre fois sa nouvelle signature : Marat. (Frédéric Masson, Napoléon et sa famille, tome I, p. 311.)