Page:Clément - La Revanche des communeux.djvu/38

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n’en finissent plus, il va falloir bien des choses dont, après tout, on peut se passer en été. C’est l’éclairage ! c’est le chauffage ! Et que restera-t-il pour avoir du pain ?

Il est à peine cinq heures du matin, et la pauvre femme qui est à sa fenêtre se dit tout cela.

Et quand on en est là, que faire ?

Les uns jettent le manche après la cognée et en arrivent à se moquer du tiers comme du quart, de l’opinion publique et de la correctionnelle.

C’est leur affaire.

Les autres se font un estomac complaisant et une philosophie de circonstance : ils savent se coucher sans souper et rigoler quand l’occasion s’en présente.

Ils ne nous intéressent pas.

Ceux-ci regimbent sous les étreintes de la faim et se révoltent.

Ils sont des nôtres !

Ceux-là ont cessé d’espérer et se tuent.

Nous les saluons !

La femme ferme tranquillement sa fenêtre, prend son enfant, un bébé d’un an, l’enveloppe dans un châle, le serre dans ses bras, sort de sa mansarde sans même en fermer la porte, et descend les six étages sur la pointe des pieds.

Une fois dans la rue, elle se hâte. L’air est vif, elle a des frissons, et le petit lui grelote dans les bras ; elle relève sa jupe et le couvre avec.

Pauvre petit ! Il est dit qu’il souffrira jusqu’au bout.

Elle se glisse le long des maisons du faubourg