Page:Clément - La Revanche des communeux.djvu/68

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revanche à prendre et de moyens à employer. Et les regards se tournaient vers les fenêtres de l’Hôtel-de-Ville comme si l’on devait y voir apparaître le Messie attendu.

J’arrivai donc dans la grande salle, anxieux et le cœur battant la générale. Mais avant de me mêler à la foule et de voir si le vent tournait du bon côté, j’avais à m’acquitter d’une mission que je considérais de la plus haute importance. Quelques camarades m’avaient chargé de demander que les membres de l’Internationale, transférés quelques jours auparavant de Pélagie à la prison de Beauvais, fussent immédiatement mis en liberté et ramenés à Paris.

On me dit que c’était au citoyen Étienne Arago, improvisé maire de Paris, que je devais m’adresser.

Ce ne fut pas long, je pris un couloir, puis un autre, et je me trouvai dans une grande pièce à une demi-portée de pistolet du citoyen Étienne Arago. Dès qu’il m’aperçut, et sans que j’eusse l’avantage de le connaître personnellement, il s’élança vers moi les bras tendus.

Je me dis : Très bien, voilà un homme de tempérament : il devine en moi un insurgé et il veut m’étouffer entre ses bras. Mais pas du tout, le brave homme qui, de suite, m’avait appelé son enfant, voulait tout bonnement me presser sur son cœur.

Cet excès de tendresse me rappela à la réalité et je vis, en un instant, défiler en imagination tous les larmoyeurs de 48. Les bras tendus à mon tour pour