Page:Clément - La Revanche des communeux.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

protégea pas plus ce jour-là les partisans du gouvernement de Versailles qu’il n’avait protégé la France en 1870 de l’invasion prussienne.

Vers midi nous étions quelques fédérés au coin du boulevard Montmartre et de la rue Drouot, attendant une bande de forcenés de l’ordre qui devaient partir du carrefour Montmartre pour se rendre à la place du nouvel Opéra. Dès que nous les aperçûmes nous nous plaçâmes au milieu du boulevard pour les passer en revue et rire un peu.

Les malheureux avaient à leur tête un petit bonhomme, mal gonflé, à la graisse malsaine qui, marchait, le nombril en avant, comme pour tout perforer, fût-ce même la colonne Vendôme, si elle s’avisait de lui barrer la route.

Ce personnage ridicule était un de ces hommes d’affaires plus que véreuses que deux ou trois banqueroutes frauduleuses avaient rendu justement célèbre dans le monde de la finance.

Nous accueillîmes les manifestants parmi lesquels se trouvaient un grand nombre de jeunes gens de vingt à vingt-cinq ans, par le cri de : Vive le Comité ! vive la République ! ce à quoi ils répondirent, en se précipitant sur nous, par : À bas le Comité ! vive l’Ordre !

Une bagarre allait s’ensuivre si le petit bonhomme mal gonflé n’eut crié de toute la force de ses poumons épuisés par les noces : « Messieurs, ne nous arrêtons pas à ces peccadilles, marchons de l’avant ! »

— C’est ça ! c’est ça ! Marchez de l’avant derrière