Page:Claudel - Connaissance de l’est larousse 1920.djvu/110

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debout ; d’autres gisent sur la face ; un guerrier sans tête serre encore du poing le pommeau de son sabre. Et sur un triple pont la voie franchit le second canal.

Maintenant, par une série d’escaliers dont le bandeau médian divulgue encore le reptile impérial, je traverse le cadre ravagé des terrasses et des cours. C’est ici l’esplanade du souvenir, le vestige plat dont le pied humain en le quittant a enrichi le sol perpétuel, le palier du sacrifice, l’enceinte avec solennité où la chose abolie atteste, parmi ce qui est encore, qu’elle fut. Au centre le trône supporte, le baldaquin encore abrite l’inscription dynastique. Alentour les temples et les xénodoques ne forment plus qu’un décombre confus dans les ronces.

Et voici, devant moi, la tombe.

Entre les avancements massifs des bastions carrés qui le flanquent, et derrière la tranchée profonde et définitive du troisième rû, un mur ne laisse point douter que ce soit ici le terme de la route. Un mur et rien qu’un mur, haut de cent pieds et large de deux cents. Meurtrie par l’usure des siècles, l’inexorable barrière montre une face aveugle et maçonnée. Seul dans le milieu de la base un trou rond, gueule de four ou soupirail de cachot. Ce mur est la paroi antérieure d’une sorte de socle trapézoédrique détaché du mont qui le surplombe. Au