Page:Claudel - Connaissance de l’est larousse 1920.djvu/111

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bas une moulure rentrante sous une corniche en porte-à-faux le dégage comme une console. Nul cadavre n’est si suspect que d’exiger sur lui l’asseoiement d’une pareille masse. C’est le trône de la Mort même, l’exhaussement régalien du sépulcre.

Un couloir droit remontant en plan incliné traverse de part en part le tertre. Au bout il n’y a plus rien, que le mont même dont le flanc abrupt en lui recèle profondément le vieux Ming.

Et je comprends que c’est ici la sépulture de l’Athée. Le temps a dissipé les vains temples et couché les idoles dans la poudre. Et seule du lieu la disposition demeure avec l’idée. Les pompeux catafalques du seuil n’ont point retenu le mort, le cortège défunt de sa gloire ne le retarde pas ; il franchit les trois fleuves, il traverse le parvis multiple et l’encens. Ni ce monument qu’on lui a préparé ne suffit à le conserver ; il le troue et entre au corps même et aux œuvres de la terre primitive. C’est l’enfouissement simple, la jonction de la chair crue au limon inerte et compact ; l’homme et le roi pour toujours est consolidé dans la mort sans rêve et sans résurrection.

Mais l’ombre du soir s’étend sur le site farouche. Ô ruines ! la tombe vous a survécu, et à la