Page:Claudel - Connaissance de l’est larousse 1920.djvu/142

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— À Shidzuoka, au temps de Rinzainji, j’ai vu un paysage fait de poussières colorées ; on l’a mis, de peur qu’un souffle ne l’emporte, sous verre.


— Le temps est mesuré, là-haut devant le Bouddha d’or dans les feuilles, par la combustion d’une petite chandelle, et au fond de ce ravin par le débit d’une triple fontaine.


— Emporté, culbuté dans le croulement et le tohubohu de la Mer incompréhensible, perdu dans le clapotement de l’Abîme, l’homme mortel de tout son corps cherche quoi que ce soit de solide où se prendre. Et c’est pourquoi, ajoutant à la permanence du bois, ou du métal, ou de la pierre, la figure humaine, il en fait l’objet de son culte et de sa prière. Aux forces de la Nature, à côté du nom commun, il impose un nom propre, et par le moyen de l’image concrète qui les signifie comme un vocable, dans son abaissement encore obscurément instruit de l’autorité supérieure de la Parole, il les interpelle dans ses nécessités. Assez bien, d’ailleurs, comme un enfant qui de tout compose l’histoire de sa poupée, l’humanité dans sa mémoire alliée à son rêve trouva de quoi alimenter le roman mythologique. Et voici à côté de moi cette pauvre petite vieille femme qui, frappant