Page:Claudel - Connaissance de l’est larousse 1920.djvu/177

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Nous devons maintenant considérer la vibration elle-même. J’entends par là ce mouvement double et un par lequel un corps part d’un point pour y revenir. Et c’est là l’ « élément » même, le symbole radical qui constitue essentiellement toute vie. La vibration de notre cervelle est le bouillonnement de la source de la vie, l’émotion de la matière au contact de l’unité divine dont l’emprise constitue notre personnalité typifique. Tel est l’ombilic de notre dépendance. Les nerfs, et la touche qu’ils nous donnent sur le monde extérieur, ne sont que l’instrument de notre connaissance, et c’est en ce sens seulement qu’ils en sont la condition. Comme on fait l’apprentissage d’un outil, c’est ainsi que nous faisons l’éducation de nos sens. Nous apprenons le monde au contact de notre identité intime.

La cervelle, donc, n’est rien d’autre qu’un organe : celui de la connaissance animale, sensible seulement chez les bêtes, intelligible chez l’homme. Mais si elle n’est qu’un organe particulier, elle ne saurait être le support de l’intelligence, ou de l’âme. On ne saurait faire à aucune partie de notre corps, image vivante et active de tout Dieu, ce détriment. L’âme humaine est cela par quoi le corps humain est ce qu’il est, son acte, sa semence continuellement opérante, et, selon que prononce l’École, sa forme.