Page:Claudel - Connaissance de l’est larousse 1920.djvu/18

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centre, les deux dragons se disputent le joyau mystique. J’entends des chants et des batteries de timbres, et par la porte ouverte je vois évoluer les bonzes.

La salle est haute et spacieuse, quatre ou cinq colosses dorés en occupent le fond. Le plus grand est assis au milieu sur un trône. Ses yeux et sa bouche sont clos, ses pieds retirés sous lui et sa main qui pend dans le « geste du témoignage » indique la terre. Tel, sous l’arbre sacré, se conçut le parfait Bouddha : échappé à la roue de la vie, il participe à sa propre immobilité. D’autres, juchés au-dessus de lui, choient, des mêmes yeux baissés, leurs abdomens. Assis sur le lotus, ce sont les Bouddhas célestes, Avalok-hita, Amitabha, le Bouddha de la lumière sans mesure, le Bouddha du Paradis de l’Ouest. À leurs pieds les bonzes accomplissent les rites. Ils ont une robe grise, un grand manteau d’un ton léger de rouille attaché sur l’épaule comme une toge, des houseaux de toile blanche, et quelques-uns, une sorte de mortier sur la tête. Les autres exhibent des crânes où des marques blanches de moxas indiquent le nombre des vœux. Les uns derrière les autres, en file, ils évoluent, marmottant. Le dernier qui passe est un garçon de douze ans. Je gagne, par le côté, la troisième cour, et voici le troisième temple.

Quatre bonzes, juchés sur des escabeaux,