Page:Claudel - Le Pain dur, 1918.djvu/32

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Lumîr

Il ne dépend que de vous que je parte.

Sichel

Non. Monsieur le Comte est à cet âge où l’on veut être aimé pour soi-même.

Et vous obtiendriez tout de lui, car il aime les femmes, ah ! c’est un vrai Français !

Excepté de l’argent.

Fi ! ne lui parlez point d’argent, c’est bas !

Lumîr

Sichel, si j’obtiens cet argent qui m’est dû,

Je ne retourne pas à Alger.

— Vous voyez, je vous ai comprise.

Sichel

Je ne sais ce que vous dites.

Lumîr

C’est vous qui me poussez !

Je dis que j’obtiendrai cet argent

Par tous moyens. Je l’aurai.

Et qu’il est dangereux pour vous que je reste.

Sichel

Que pensez-vous faire ?

Lumîr

Croyez-vous que je ne connaisse pas le cœur d’un père comme Monsieur le Comte ?

Je suis la fiancée de son fils.

Sichel

Et certes, je vois que vous l’aimez !