Page:Claudel - Le Pain dur, 1918.djvu/37

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devineriez jamais ! C’est pour m’empêcher de faire de la musique !

Il est incapable de résister à un certain esprit de farce et de taquinerie.

J’étais une artiste, connue dans le monde entier, vous savez mon nom. Croyez-vous que depuis deux ans il m’empêche de toucher à un piano ?

Je suis sa teneuse de livres et il m’a réduite en esclavage comme les anciens Israélites.

Et je pensais d’abord qu’il m’épouserait, mais j’ai dû bientôt renoncer à cet espoir enchanteur.

Je vous dis qu’il ne consentira à mourir que s’il a le sentiment ainsi de jouer un tour à quelqu’un.

Et je ne puis tirer un sou de lui : pas plus pour moi, que pour vous.

Lumîr

Qu’il meure, et le fils vous reste.

Sichel

Et à vous la sainte Pologne !

Lumîr

J’ai commis un crime et je dois le réparer.

Mon frère et moi, nous avons prêté cet argent trois fois sacré.

Il faut que je le retrouve.