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AU SOIR DE LA PENSÉE

ce sera le soleil, avec le ciel et ses astres, objets de terreurs, ou de reconnaissance familière ; la terre, avec ses eaux mouvantes, le grondement de ses mers, ses vents, ses tempêtes, ses montagnes de domination, ses peuplements de vies, du lion au singe, de l’aigle au scarabée, sans parler des monstres à qui l’Inde réserve encore l’éclat de ses plus beaux hommages. Dieux du bien, Dieux du mal, Dieux de tout, bons et mauvais à la fois, qu’il fallait, à toute heure, obséder d’offrandes et de prières. Tout cela, pèle-mêle, sans l’ordre doctrinal d’une future systématisation religieuse d’éclosions cultuelles agglomérées selon les temps, les lieux, les ressources d’émotivités populaires, ainsi que la diversité des symboles paléolithiques en fait foi.

Aujourd’hui, tout cela nous est présenté, en des interprétations plus ou moins chanceuses, pour la justification de réflexes millénaires qui nous égarèrent en des déviations d’entendement. À l’origine, ce ne fut qu’un élan, un besoin de dire, pour nous assurer une meilleure fortune de vivre. L’urgente nécessité d’une idée, avant de commencer à connaître. Tel quel, le symbole aura sa part de la vénération commune, au même titre que la Divinité dont il est la représentation.

Le disque solaire, la croix.

On ne saurait rien dire des premiers signes incompréhensibles où nous ne pouvons voir que des bégaiements de sensations. Telles les ébauches de Gavr’innis. Le début d’un besoin d’exprimer on ne sait quoi, quelque chose comme le premier tressaillement d’une idée. Mais le tableau, après un temps, se précise. Un cercle apparaît, représentant le disque solaire. On y inscrira une croix, comme en Assyrie où ce sera l’idéogramme du Dieu céleste. La croix est l’un des symboles les plus anciens

    procédure inverse de l’étonnement qui suppose l’incohérence d’une observation déroutée, tandis que l’accoutumance ne peut que retarder le besoin d’une interprétation.