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COSMOGONIES

mosaïque se présente comme une manifestation de la justice divine, et, par conséquent, avec un caractère d’intangible absolu.

je n’ai point à discuter ici des formes qu’a pu revêtir l’influence babylonienne sur la législation hébraïque. Le fait lui-même paraît acquis. Selon les Assyriologues, Israël serait dépendant de Babylone pour sa vie sociale, morale et religieuse. Les mythes babyloniens de l’origine du monde et de la chute, auraient été empruntés par les Israélites et transcrits dans les premiers chapitres de la Genèse. Le monothéisme hébreu serait de provenance babylonienne. De même, pour la législation, c’est la thèse de l’influence babylonienne antérieure à l’établissement des tribus en Canaan.

D’autres veulent que ce soit seulement après le séjour en Égypte, lors de l’établissement d’Israël dans « la terre promise », c’est-à-dire en Palestine, que Babylone aurait définitivement marqué Israël d’une empreinte ineffaçable. L’empire babylonien a, en effet, débordé sur la Syrie et la Palestine. Les lois d’Hammourabi ont régné jusqu’aux rives de la Méditerranée. Les mythes babyloniens sur la création, le péché, le déluge, l’origine du sabbat ont été transmis directement à la Palestine, et de là aux Hébreux.

Il y a de très fortes objections contre cette vue. L’hypothèse d’une origine commune se présente plus naturellement à l’esprit, avec cet avantage que la civilisation babylonienne, beaucoup plus développée que celle d’Israël, se serait trouvée plus tard dans des conditions singulièrement plus favorables pour des développements de pénétration.

Ici l’Arabie, qui plus tard devait nous donner le Coran, se présenterait tout à point pour être l’éventuelle source commune des deux législations apparentées. Rœrich allègue, à cet égard, de curieux points de repère, en ajoutant que le pays, d’une immense étendue, n’a pas encore été méthodiquement fouillé. Un document du British Museum nous fournit des informations sur le roi Sargon Ier (3800 ans av. J.-C.) qui se lança dans une série de conquêtes, ainsi que son successeur Naram-Sin (3750 ans av. J.-C.), à trouver les pays situés à l’ouest de la Babylonie. La stèle du roi chaldéen Goudéa nous fait connaître qu’il alla à l’ouest de l’Arabie chercher la pierre de ses statues. Our, ville de la Basse-Chaldée, sur la rive droite de l’Euphrate, était