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LE MONDE, L’HOMME

tâche de connaître comme s’il avait l’éternité devant lui. Ceux des âges à venir ne feront pas davantage état des jours qui leur sont impartis. Rien ne pourra les détourner de leurs efforts toujours croissants de connaissance. Devant nous, à tout moment, l’inconnu se dérobe pas à pas. Nous n’atteindrons pas « l’ultime raison des choses », s’il existe rien qui se puisse dénommer ainsi. Nous n’en marcherons pas moins bravement à la conquête de nous-mêmes et du monde, sans attendre de notre marche à l’étoile une autre récompense que le contentement d’avoir marché. Vienne l’événement qui rompra notre journée, nous aurons vécu d’un éclair de noblesse humaine sans parallèle dans les mornes sphères de la Divinité. Combien de Dieux, qui n’auront connu que la peine de naître, seraient dignes, à ce compte, de l’humanité ?