Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/142

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Catherick tandis qu’elle s’éloignait, jusqu’à ce qu’elle eût complètement disparu dans la pénombre crépusculaire. — Je la regardais avec autant d’inquiétude, autant de tristesse que si je ne devais plus ici-bas, retrouver la Femme en blanc.


XIV


Une demi-heure après, j’étais de retour au château, et j’informais miss Halcombe de tout ce qui venait d’arriver.

Elle écouta mon récit, d’un bout à l’autre, avec l’attention suivie et silencieuse qui, chez une femme douée comme elle, prouvait, mieux qu’aucun autre symptôme, combien il l’affectait sérieusement.

— J’ai de tristes pressentiments, me dit-elle simplement lorsque j’eus fini. L’avenir, à présent m’apparaît bien sombre.

— L’avenir, lui répondis-je, peut dépendre du présent, tel que nous saurons l’employer. Il n’est nullement improbable qu’Anne Catherick s’expliquera plus volontiers, et avec moins de réserve, vis-à-vis d’une femme que vis-à-vis de moi. Si miss Fairlie…

— Il ne faut pas y penser, pas une minute ! interrompit mise Halcombe avec son accent le plus péremptoire.

— Laissez-moi donc, continuai-je, vous conseiller de voir vous-même Anne Catherick, et de mettre tout en œuvre pour gagner sa confiance. Je recule, moi, devant l’idée de jeter l’alarme, une seconde fois, dans cette pauvre âme effarouchée, comme je l’ai fait aujourd’hui. Voyez-vous quelque inconvénient à venir demain avec moi jusqu’à la ferme ?

— Pas le moindre. J’irai partout, je ferai tout au monde pour sauvegarder les intérêts de Laura… Comment dites-vous que s’appelle cet endroit ?