Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/184

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combe et miss Fairlie nourrissaient entre elles deux un beau petit secret auquel ni sir Percival ni moi n’étions initiés. Je trouvai le procédé un peu leste pour nous deux, — et particulièrement pour sir Percival.

Mes doutes, — ou pour parler plus vrai, mes convictions à cet égard, — furent confirmées par le langage et l’attitude de miss Halcombe, quand je la revis un peu plus tard, dans la même journée : elle fut étonnamment laconique et réservée en me parlant du résultat de l’entretien qu’elle avait eu avec sa sœur. Miss Fairlie, paraît-il, avait tranquillement prêté l’oreille à tout ce qu’on lui disait pour lui présenter l’affaire de la lettre sous son véritable jour ; mais lorsque miss Halcombe voulut ensuite ajouter que sir Percival se proposait, en venant à Limmeridge, d’obtenir d’elle la fixation de leur hymen à une date certaine, elle coupa court à toute insistance en suppliant qu’on lui donnât un peu de temps pour se décider. « Que sir Percival, présentement, voulût ne pas user de tous ses droits, et elle tâcherait de lui donner, avant la fin de l’année, une réponse définitive. » Elle sollicitait ce délai avec tant d’inquiétude et d’agitation, que miss Halcombe avait dû lui promettre d’user, s’il le fallait, de toute son influence pour obtenir qu’il lui fût accordé ; et là s’était terminée, à l’instante prière de miss Fairlie, toute discussion ultérieure du mariage projeté.

L’arrangement purement temporaire qu’elle proposait ainsi pouvait convenir assez à notre jeune fiancée. Mais, pour celui qui écrit ces lignes, cette combinaison était quelque peu gênante. Le courrier du matin m’avait apporté une lettre de mon associé, laquelle m’obligeait de revenir le lendemain à la ville, par le train de l’après-midi. Il était fort probable que, dans les derniers jours de l’année, je n’aurais pas une seconde fois l’occasion de me retrouver à Limmeridge-House. Alors, en supposant que miss Fairlie se décidât finalement à tenir sa promesse, il devenait impossible, et il était cependant nécessaire, que j’entrasse directement en communication avec elle avant de rédiger le contrat ; ainsi, nous serions réduits à traiter par lettres des objets auxquels, d’un côté comme