Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/223

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déjà sur mes lèvres, quand Laura m’arrêta court en parlant elle-même.

— J’espère, continua-t-elle, que je ne me suis pas imposée en vain ce pénible aveu. J’espère qu’il me garantit votre confiance entière pour ce qui me reste à dire ?

— Je vous prie d’en être certaine…

Cette courte réponse fut faite avec une certaine chaleur ; tout en parlant, sir Percival avait laissé retomber sa main sur la table et s’était retourné vers nous. Tel changement involontaire qui eût pu se produire sur sa physionomie, il en était maintenant redevenu maître. Elle n’exprimait plus qu’une attente vive, une intense curiosité de ce que ma sœur allait dire.

— Je voudrais vous bien convaincre, poursuivit-elle, que nul motif égoïste n’a dicté mes paroles. Si vous renoncez à moi, sir Percival, après ce que vous venez d’entendre, ce ne sera point pour me voir épouser un autre homme ; — vous me donnerez seulement le droit d’achever ma vie dans un célibat auquel je suis résolue. La faute que j’ai pu commettre envers vous s’est tout entière accomplie dans le secret de mes pensées, elle ne franchira jamais ces limites. Pas un mot n’a été échangé… — Ici, elle hésita, ne sachant de quelle expression se servir ; elle hésita sous le coup d’un trouble passager qu’on ne pouvait voir sans une pénible émotion. — Pas un mot n’a été échangé, reprit-elle avec une patiente énergie, entre moi et la personne à laquelle, pour la première fois, je fais allusion devant vous, touchant les sentiments que je pouvais lui porter, ou ceux que, peut-être, elle m’avait voués ; — pas un mot ne sera échangé à ce sujet ; — aucune probabilité que nous nous retrouvions en ce monde, lui et moi. Je vous supplie de croire, sur ma parole, ce que je viens de vous dire. C’est la vérité, sir Percival ; — la vérité que j’ai cru devoir à mon futur mari, quoiqu’elle dût coûter à mes sentiments. De sa générosité, j’attends mon pardon, et je place mon secret sous la sauvegarde de son honneur.

— Double confiance qui m’est sacrée, dit-il, et que je jure ici de justifier…