Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maintenant de Walter. Tout ce qui s’est passé, depuis qu’il nous a quittées, n’a fait qu’augmenter ma sympathie et ma considération pour lui. J’espère que j’agis bien en l’aidant de mon mieux à trouver du travail à l’étranger ; j’espère, du plus profond de mon cœur, mais non sans anxiété, que tout ici tournera bien.

« 11 novembre. » Sir Percival a obtenu un entretien de M. Fairlie ; ils m’ont fait prier d’y assister.

J’ai trouvé M. Fairlie fort soulagé par l’idée de voir bientôt régler le grand « tracas de famille » (c’est ainsi qu’il appelle le mariage de sa nièce). Jusque-là, je n’avais rien à lui dire de mon opinion particulière sur le même sujet ; mais lorsque, avec son accent le plus langoureux et le plus assommant, il en vint à insinuer que, d’accord avec les vœux de sir Percival, on ferait bien de fixer immédiatement l’époque du mariage, j’eus le plaisir d’ébranler les nerfs de M. Fairlie par la protestation la plus vigoureuse que je pus formuler contre tout ce qui tendrait à précipiter la décision de Laura. Sir Percival m’assura tout aussitôt qu’il comprenait la force de mon objection, et me pria de croire que la proposition n’était le résultat d’aucune insistance de sa part. M. Fairlie, s’enfonçant dans son fauteuil, ferma les yeux, déclara « que nous faisions honneur à la nature humaine », et revint sur l’idée qu’il avait mise en avant avec une aussi froide obstination que si nous n’y avions rien objecté, sir Percival ou moi : le débat finit par mon refus, net et précis, de soumettre la question à Laura, tant qu’elle n’aborderait pas d’elle-même ce sujet si délicat. Cette déclaration faite, je me levai pour quitter immédiatement la chambre. Sir Percival avait l’air fort embarrassé, fort malheureux. M. Fairlie, étalant ses jambes oisives sur son tabouret de velours, me dit comme je partais : — Chère Marian ! que je porte envie à votre système nerveux, si robuste, si difficile à ébranler !… Ne tapez pas les portes au nom du ciel !…

En me rendant chez Laura, j’appris qu’elle m’avait demandée, et que mistress Vesey, à cette occasion, l’avait