Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/394

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clarai, solennellement, que je lui avais révélé, sans réserve, tout ce que je savais : — Allons donc ! répondit-il ; vous êtes mieux au courant qu’il ne vous plaît de le dire. Vous ne voulez point parler ? on vous y forcera bien ! Ce que je ne puis obtenir, ici, de vous, je me charge de vous l’arracher, une fois rentré chez moi… Il me conduisit à travers les plantations, par un sentier que je ne connaissais pas, — un sentier où je ne pouvais espérer de vous rencontrer, — et il n’ouvrit plus la bouche que lorsque nous arrivâmes en vue du château. S’arrêtant alors : — Si je vous offre une seconde chance, me dit-il, saurez-vous en profiter ? Voudrez-vous, mieux inspirée, me dire le reste ?… Je ne pus que lui répéter mes premières assurances. Il maudit mon entêtement, reprit sa marche, et me fit rentrer au château : — Vous ne pouvez me tromper, disait-il ; vous en savez plus que vous n’en voulez dire. Je vous arracherai votre secret, et je l’arracherai tout aussi sûrement à cette sœur qui s’est constituée votre complice. Désormais, plus de chuchotages et de complots entre vous. Vous ne vous reverrez plus que vous n’ayez confessé la vérité. Je vous ferai surveiller jour et nuit jusqu’à ce qu’elle soit sortie de votre bouche… À tout ce que je pouvais dire, il restait sourd. Il me fit monter l’escalier, et me conduisit tout droit à mon appartement. Fanny y était installée, travaillant pour moi, et il lui enjoignit de sortir à l’instant même : — Je m’arrangerai pour que vous ne soyez pas mêlée à la conspiration, lui dit-il. Vous quitterez la maison aujourd’hui même. Si votre maîtresse veut une femme de chambre, je me charge de la lui choisir… Il me poussa dans l’appartement, et ferma la porte sur moi ; — il mit en sentinelle cette espèce d’idiote ; — Marian ! il avait l’air et le langage d’un fou ! Vous pouvez avoir peine à le comprendre, mais, en vérité, c’est comme je vous le dis.

— Je le comprends, Laura ; il est réellement fou ; les terreurs d’une conscience coupable lui font littéralement perdre la tête. Dans tout ce que vous m’avez dit, je puise la certitude, la certitude bien positive, que lorsque Anne