Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/395

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Catherick vous quitta hier si brusquement, vous étiez sur le point de découvrir un secret qui aurait pu être la ruine de votre méprisable époux. Or, il s’imagine que vous l’avez découvert. Rien de ce que vous pourrez dire ou faire ne tranquillisera la méfiance que lui donne le sentiment de ses fautes, et ne convaincra de votre sincérité cette âme perfide. Je ne dis pas ceci pour vous inquiéter, chère belle. Je le dis pour vous ouvrir les yeux sur votre position, et vous bien convaincre qu’il est absolument nécessaire que vous me laissiez agir de mon mieux en vue de vous protéger contre lui, tandis que la chance est encore en notre faveur. L’intervention du comte Fosco m’a procuré les moyens d’arriver jusqu’à vous ; mais demain, peut-être, cette intervention nous sera refusée. Sir Percival a déjà renvoyé Fanny, parce que cette fille a de l’esprit et vous est affectueusement dévouée ; il a choisi pour la remplacer, une femme qui n’a aucun souci de vos intérêts, et que son intelligence obtuse place au niveau du chien de garde attaché dans votre cour. On ne saurait dire à quelles mesures violentes il pourra maintenant avoir recours, à moins que nous ne profitions de nos avantages tandis qu’ils nous restent encore.

— Que ferons-nous, Marian ? Oh ! si seulement nous pouvions quitter cette maison et ne la revoir jamais !

— Suivez mes conseils, chère aimée,… et figurez-vous bien que vous ne serez jamais sans appui, tant que je demeurerai ici avec vous.

— Je le veux croire,… je le crois… Mais, tout en vous occupant de moi, n’oubliez pas la pauvre Fanny ! Elle aussi a besoin de secours et de consolations.

— Je ne la perdrai pas de vue. Je lui ai parlé avant de monter ici, et il est convenu que, ce soir, elle aura de mes nouvelles. Les lettres qu’on met dans la boîte, à Blackwater-Park, n’y sont pas tout à fait en sûreté ; — j’en ai deux à écrire, aujourd’hui, dans votre intérêt ; elles ne passeront pas, certainement, par d’autres mains que celles de Fanny.

— De quelles lettres s’agit-il ?

— Je veux d’abord, Laura, écrire à l’associé de M. Gil-