Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/476

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térêt voulus par les circonstances. Il tenait d’une main son livre, de l’autre son chapeau de paille, et, devant moi, fit connaître à sir Percival le projet qu’il avait de sortir encore pour aller étudier du côté du lac : — Laissons, disait-il, laissons le château à son calme ; ne fumons pas dans la maison, mon ami, puisque miss Halcombe est malade. Allez de votre côté, j’irai du mien. Quand j’étudie, j’aime à être seul. Bonjour, mistress Michelson !…

Sir Percival n’eut pas la civilité, — peut-être en bonne justice devrais-je dire : l’attention, — de prendre congé aussi poliment. À parler vrai, le seul habitant du château, qui, de temps à autre, me traitât sur le pied d’une « lady » déclassée par les circonstances, était le comte Fosco. Il avait les bonnes façons de la vraie noblesse ; il savait rendre à chacun ce qui lui est dû. Jusqu’à la jeune personne attachée à lady Glyde (on la nomme Fanny) qu’il voulait bien ne pas regarder comme au-dessous de son attention. Lorsque la pauvre enfant fut renvoyée par sir Percival, Sa Seigneurie (tout en me montrant les exercices de ses charmants petits oiseaux) voulut bien s’inquiéter de ce qu’elle allait devenir, de l’endroit où elle passerait la journée en quittant Blackwater-Park, de mille autres détails encore. C’est dans ces menues attentions, si remplies de délicatesse, que se manifestent toujours les avantages d’une naissance aristocratique. Je ne m’excuserai pas d’avoir introduit ici ces détails ; en bonne justice, ils étaient dus à Sa Seigneurie, dont le caractère, j’ai lieu de le savoir, est jugé par certaines personnes avec une rigueur excessive. Le noble qui sait respecter une lady déclassée par les circonstances, et prendre un intérêt paternel au sort d’une humble suivante, manifeste des principes et des sentiments d’un ordre trop élevé pour qu’on les mette en question à la légère. Ce ne sont pas des opinions que j’avance, — ce sont des faits que je présente. Je m’efforce, en traversant la vie, de ne pas juger pour n’être point jugée moi-même. Un des plus beaux sermons de mon cher mari fut écrit précisément sur ce texte. Je le lis et relis constamment, — dans l’exemplaire que j’ai de l’édition imprimée, par souscription, durant