Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/482

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plus si c’était là un acte raisonnable, dans une chambre de malade et vis-à-vis de quelqu’un à qui on doit ménager toute émotion. Mais la pauvre lady Glyde n’entendait rien au métier de garde ; absolument rien, je suis fâchée de le dire.

Le lendemain matin, mistress Rubelle reçut ordre de se tenir dans le petit salon pour passer à l’examen du docteur quand il viendrait dans la chambre à coucher.

Je laissai lady Glyde avec miss Halcombe, qui dans ce moment-là sommeillait, et je vins rejoindre mistress Rubelle, afin d’empêcher charitablement que l’incertitude de sa situation la rendît trop perplexe et trop agitée. Elle semblait ne pas voir les choses sous cet aspect. On eût dit que, d’avance, elle se sentait assurée de convenir à M. Dawson ; et, paisiblement assise, elle regardait par la fenêtre, absorbée, semblait-il, par le plaisir de respirer l’air des champs. Il est des gens auxquels cette conduite aurait paru presque effrontée. Je me permettrai de dire que, moins stricte, je voulus ne l’attribuer qu’à une singulière vigueur d’esprit.

Tandis que nous attendions l’arrivée du docteur, ce fut le docteur, au contraire, qui m’envoya chercher. Je trouvais ce renversement des choses assez bizarre. Mais mistress Rubelle parut n’en être aucunement affectée. Je la laissai regardant tranquillement par la fenêtre, et respirant en silence l’air de la campagne.

M. Dawson m’attendait, tout seul, dans la salle où l’on déjeune.

— Parlons de cette nouvelle garde, mistress Michelson ! dit le docteur.

— À vos ordres, monsieur.

— Elle a été amenée de Londres ici, me dit-on, par la femme de ce gros vieillard étranger qui semble vouloir, à tout prix, se mêler de mes affaires. Mistress Michelson, ce gros vieillard étranger est tout simplement un charlatan…

L’expression était brutale. J’en fus naturellement choquée.

— Savez-vous bien, monsieur, lui dis-je que vous parlez d’un « nobleman » ?