Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/495

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puis, à ma grande surprise, il m’adressa l’allocution suivante :

— Je désire, mistress Michelson, vous entretenir d’une décision que j’ai prise depuis quelque temps déjà, et dont je vous aurais informée sans les maladies et le bouleversement qui sont venus fondre sur nous. Pour parler clairement, j’ai lieu de vouloir rompre sans retard, l’établissement que j’ai ici, — vous laissant, du reste, comme à l’ordinaire, la direction des soins domestiques. Dès que lady Glyde et miss Halcombe pourront voyager, il leur est prescrit à toutes deux de changer d’air. Avant le départ de ces dames, mes amis, le comte et la comtesse Fosco, nous auront quittés pour aller s’établir dans les environs de Londres. Or, j’ai mes raisons pour ne pas ouvrir ma demeure à de nouveaux hôtes, en vue d’économiser le plus possible. Je n’entends vous blâmer en rien ; mais ma dépense ici est beaucoup trop lourde. Bref, je compte vendre les chevaux et me débarrasser en même temps de tous les domestiques. Vous savez que je ne fais jamais rien à demi ; et je compte que, d’ici à demain, vous aurez fait maison nette de cette valetaille inutile…

Je l’écoutais dans un état de complète stupéfaction.

— Dois-je comprendre, sir Percival, lui demandai-je, que j’ai à renvoyer tous les domestiques placés sous mes ordres, sans les prévenir un mois d’avance comme cela se pratique.

— C’est exactement cela. Nous pouvons tous nous trouver hors du château avant qu’un mois ne s’écoule, et je n’entends pas laisser ici des domestiques oisifs, sans aucun maître à servir.

— Par qui sera faite la cuisine, sir Percival, pendant le reste de votre séjour ici ?

— Margaret Porcher est au courant des plats élémentaires ; vous pouvez la conserver. N’ayant pas de grands dîners à donner, un chef n’est-il pas tout à fait superflu ?

— La servante dont vous parlez, sir Percival, est la moins intelligente de toute la maison…

— Conservez-la, vous dis-je, et prenez, dans le village, une femme qui viendra, chaque jour, aider au plus gros