Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/499

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retiendraient forcément à Blackwater-Park. Bref il me fut clairement démontré que si je ne me chargeais pas de la commission, il n’était personne à qui on pût la confier. Dans ces circonstances, je dus me borner à informer sir Percival que mes services étaient aux ordres de miss Halcombe et de lady Glyde.

Il fut arrangé, en conséquence, que je partirais le lendemain matin ; que je consacrerais un ou deux jours à examiner les maisons les plus convenables de Torquay, et que je reviendrais, avec mon rapport, aussitôt que je le jugerais convenable. Sa Seigneurie écrivit pour moi un « Mémorandum » énumérant les conditions requises pour la résidence que je devais procurer à ces dames, et sir Percival y joignit une note qui limitait strictement la somme à offrir comme prix de location.

Mon idée, à moi, quand je lus ces instructions, fut qu’on ne pourrait trouver, dans aucun établissement thermal d’Angleterre, une demeure comme celle que j’y voyais décrite ; et que si, par hasard, on en découvrait une, il serait parfaitement impossible d’en obtenir la jouissance pour un laps de temps si limité qu’il fût, moyennant la somme que j’étais autorisée à promettre. J’indiquai ces difficultés aux deux gentlemen ; mais sir Percival, qui se chargea de me répondre, ne parut pas en tenir compte. Ce n’était pas à moi qu’il appartenait de discuter cette question. Je n’insistai donc pas ; mais je sentis en moi cette conviction bien arrêtée, qu’avec toutes les difficultés dont l’affaire était entourée, je n’avais pas la moindre chance de conduire à bien ma mission.

Avant de partir, je pris soin de m’assurer que miss Halcombe continuait à mieux aller.

Il y avait dans sa physionomie une anxieuse et pénible expression, qui me fit craindre qu’en reprenant conscience d’elle-même, elle n’eût éprouvé un cruel malaise. Ses forces, pourtant, revenaient plus vite que je n’aurais osé l’espérer ; et déjà elle était en situation de faire passer à lady Glyde maints et maints affectueux messages où elle lui rendait bon compte de son rétablissement, et par lesquels elle la suppliait de ne point se fatiguer trop tôt.