Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/520

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Blackwater-Park jusqu’à ce que miss Halcombe n’eût plus besoin de moi. Il fut réglé que je préviendrais huit jours d’avance, quand je voudrais partir, le « solicitor » de sir Percival, et qu’il se chargerait de me faire remplacer. Toutes ces questions furent discutées en peu de mots. L’affaire conclue, sir Percival tourna brusquement sur ses talons et me laissa libre d’aller rejoindre mistres Rubelle. Cette bizarre étrangère était restée assise tout tranquillement sur le pas de la porte, attendant que je pusse la suivre dans la chambre de miss Halcombe.

Je n’étais pas tout à fait à mi-chemin du château, lorsque sir Percival, qui s’en allait dans la direction opposée, s’arrêta tout à coup et me rappela :

— Pourquoi quittez-vous mon service ? me demanda-t-il.

Après ce qui venait de se passer entre nous, la question était si extraordinaire, que tout d’abord je n’y trouvai pas de réponse.

— Prenez-y garde, continua-t-il ; je ne sais pas, moi, pourquoi vous vous en allez. Il vous faudra bien, je suppose, expliquer votre départ de chez moi, lorsque vous prendrez une autre place. Quelle raison donnerez-vous ?… La séparation de la famille ?… Est-ce bien cela ?

— Je ne vois pas d’objection positive, sir Percival, à ce que cette explication soit adoptée.

— Fort bien ! c’est tout ce que je voulais savoir. Si on vient aux renseignements, je donnerai ce motif choisi par vous-même. Vous vous retirez par suite de circonstances qui obligent la famille à se séparer…

Avant que j’eusse pu ajouter une parole, il se détourna de moi comme naguère, et partit à grands pas dans la direction du parc. Ses façons d’être m’étonnaient au même degré que son langage. Je dois avouer qu’il me faisait peur.

La patience de mistress Rubelle elle-même commençait à s’épuiser, lorsque je la rejoignis à la porte du château.

— Enfin ! s’écria l’étrangère en haussant ses maigres épaules. Puis elle me conduisit dans la portion inhabitée du bâtiment, monta les escaliers, et, avec la clef dont