Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/534

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sée, les yeux hagards. Il ne semblait pas aussi chagrin qu’effarouché, abasourdi, par ce qui venait d’arriver. Ma maîtresse régla tout ce qu’il y avait à faire pour les funérailles. Elles doivent avoir coûté pas mal d’argent : le cercueil, en particulier, était magnifique. Le mari de la défunte se trouvait alors, à ce qu’on nous dit, en pays étranger. Mais ma maîtresse (qui était la tante de l’infortunée lady) décida, d’accord avec des amis qu’elle avait à la campagne (dans le Cumberland, à ce que je crois), qu’elle serait enterrée là, dans la même tombe que sa mère. Je répète que tout fut fait très-largement par rapport aux funérailles, et monsieur alla lui-même assister à l’enterrement qui se faisait à la campagne. Il avait grand air, dans son deuil complet, avec sa grosse face solennelle, ses larges crêpes et sa démarche lente ; — oh ! quant à ça, il l’avait !

Pour conclure, voici comment je réponds aux questions qu’on me pose :

1. — Que ni moi ni d’autres domestiques ne vîmes jamais notre maître donner lui-même à lady Glyde une médecine quelconque.

2. — Que jamais, pour autant que je puisse savoir ou croire, il n’est demeuré seul dans la chambre avec lady Glyde.

3. — Que je ne suis pas à même de dire ce qui causa la frayeur soudaine dont lady Glyde se trouva saisie, selon ma maîtresse, au moment où elle arriva pour la première fois dans la maison. La cause de cette frayeur ne nous fut jamais expliquée, ni à moi ni à ma compagne de service.

L’attestation ci-dessus a été lue, devant moi, d’un bout à l’autre. Je n’ai rien à y ajouter, rien à en retrancher. Je le dis sous mon serment de femme chrétienne : ceci est la vérité.

(Ici se trouve, pour servir de signature, la croix faite par Hester Pinhorn.)

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