Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/548

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des faits, ce qui était arrivé à Marian, ce qui était arrivé à Laura.

Je placerai ici le récit de l’une et de l’autre, non pas tel qu’il me fut fait par elles, avec de fréquentes interruptions, un désordre inévitable, mais dans les termes mêmes du simple et laconique extrait que je m’appliquai à rédiger, tant pour me guider moi-même que pour servir à éclairer l’homme de loi dont je prenais les conseils. Nous arriverons ainsi plus tôt, et d’une manière plus intelligible, à démêler le fil brouillé des événements.

L’histoire de Marian commence au point où l’avait laissée le récit de la femme de charge de Blackwater-Park.

Après que lady Glyde eut quitté la résidence de son mari, son départ et les circonstances dans lesquelles il avait eu lieu durent être, par la femme de charge, communiqués à miss Halcombe. Ce fut seulement quelques jours plus tard (et, en l’absence de tout « mémorandum » écrit, mistress Michelson n’a jamais pu dire au juste combien de jours) qu’une lettre, écrite par madame Fosco, vint annoncer la mort soudaine de lady Glyde dans la maison du comte. Cette lettre ne mentionnait aucune date, et laissait à la discrétion de mistress Michelson ou de révéler immédiatement la fatale nouvelle à miss Halcombe, ou de différer cette démarche jusqu’à ce que la santé de la jeune malade fût plus solidement rétablie.

Après avoir consulté M. Dawson (qui, malade lui-même, n’avait pu reprendre immédiatement ses fonctions à Blackwater-Park), mistress Michelson, par le conseil et en présence du docteur, donna communication de ces tristes nouvelles, ou le jour même de l’arrivée de la lettre, ou le lendemain au plus tard. Il n’est pas nécessaire d’insister ici sur la manière dont fut ressenti par miss Halcombe le trépas de sa sœur. Il suffit au but qu’on se propose actuellement de dire qu’elle fut, pendant les trois semaines suivantes, hors d’état de se mettre en route. À l’expiration de ce délai, elle partit pour Londres,