Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/552

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elle avait reçu de madame Fosco plusieurs lettres, où celle-ci s’enquérait, dans les termes les plus affectueux, au nom du comte et au sien propre, de l’état de miss Halcombe. Au lieu de répondre à ces missives, miss Halcombe s’arrangea pour faire surveiller secrètement la maison de Saint-John’s Wood, et les démarches de ceux qui habitaient cette maison.

On ne découvrit rien d’équivoque. D’autres investigations, également secrètes, qui furent ensuite organisées autour de mistress Rubelle, eurent le même résultat. Cette femme était arrivée à Londres, environ six mois auparavant, avec son mari. Il venait de Lyon, et avait pris à bail une maison, dans le voisinage de Leicester-Square, pour la meubler et y loger quelques-uns des étrangers que l’on comptait voir arriver en grand nombre dans la capitale anglaise, à l’occasion de l’Exhibition annoncée pour 1851. Rien de défavorable au mari ou à la femme n’était connu dans le voisinage. Ils passaient pour des gens paisibles, et jusqu’alors avaient payé régulièrement tous leurs fournisseurs. On termina par des recherches relatives à sir Percival Glyde. Il était établi à Paris, et y menait une vie tranquille, dans un petit cercle d’amis, tant Anglais que Français.

Déçue de tous côtés, mais encore incapable d’en rester là, miss Halcombe résolut ensuite de visiter l’hospice dans lequel, en ce moment, elle croyait Anne Catherick confinée pour la seconde fois. Cette femme, jadis, lui avait inspiré une vive curiosité ; et maintenant il existait un double intérêt, d’abord à s’assurer s’il était vrai qu’Anne Catherick essayât de se faire passer pour lady Glyde ; et en second lieu (en supposant que cela fût vrai) à découvrir quels pouvaient être les motifs réels de cette pauvre fille pour essayer une pareille fraude.

Bien que la lettre du comte Fosco à M. Fairlie ne renfermât point l’adresse de l’hospice, cette importante omission ne créait aucun obstacle à miss Halcombe. En effet, lorsque M. Hartright avait, à Limmeridge, retrouvé Anne Catherick, celle-ci l’avait informé de l’endroit où était situé cet établissement ; et miss Halcombe en avait