Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/594

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rendu tout seul, la nuit venue. Nous savons que son départ a suivi de quelques heures seulement celui de Laura ; nous pouvons donc arriver ainsi à vérifier la date en question. Dans tous les cas, l’essai vaut bien qu’on le tente, et je le ferai demain, j’y suis bien décidé.

— Et supposons qu’il échoue ?… Je vois tout en noir maintenant, Walter ; mais, les désappointements arrivant, vous me retrouverez optimiste ;… supposons que personne, à Blackwater, ne nous vienne en aide ?

— En ce cas, il y a deux hommes à Londres qui peuvent me prêter leur concours, et dont je l’obtiendrai bien certainement : — sir Percival et le comte. Les gens qui n’ont rien à se reprocher peuvent bien avoir oublié la date ; mais ils sont coupables, eux, et ils la savent. Si j’échoue partout ailleurs, je prétends arracher de force, aux conditions que je voudrai bien lui faire, l’aveu complet de l’un ou de l’autre…

À ces mots, tout ce que Marian avait en elle de ressentiment féminin lui monta au visage avec la rapidité de l’éclair.

— Commencez par le comte ! me dit-elle tout bas avec une ardeur singulière. Pour l’amour de moi, commencez par lui !

— Pour l’amour de Laura, lui répondis-je, nous devons commencer par ce qui nous offre le plus de chances de succès…

La rougeur de ses joues s’éteignit encore, et tristement elle secoua la tête :

— Oui, dit-elle, vous avez raison ; il était mesquin et misérable de parler comme je l’ai fait. Je m’essaie à la patience, Walter, et j’y réussis mieux que dans les temps où j’étais plus heureuse ; toutefois, il me reste quelque chose de mon impétuosité passée, et c’est surtout quand je songe au comte que je me sens dominée par ces instincts d’autrefois.

— Il aura son tour, lui dis-je ; mais, ne l’oubliez pas, nous ne sommes en possession, jusqu’à présent, d’aucun des points par lesquels son existence peut nous offrir