Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/595

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quelque prise… Ici, je suspendis un instant mes paroles pour la laisser reprendre possession d’elle-même ; et alors, je prononçai les mots décisifs :

— Marian ! il y a dans la vie de sir Percival, un point que nous connaissons tous deux…

— C’est le secret, dont vous voulez parler ?

— Oui, c’est le secret. C’est par là seulement que nous avons la main sur lui. Je n’ai pas d’autre moyen pour l’arracher à la position qui fait sa force, pour le traîner au grand jour, lui et son infamie. Quoi que puisse avoir fait le comte, sir Percival a consenti au complot contre Laura par d’autres motifs que ceux de la cupidité. Vous l’avez entendu dire au comte qu’il croyait Laura maîtresse d’un secret dont la découverte le perdrait infailliblement ? Vous l’avez entendu dire que si le secret connu d’Anne Catherick venait à être révélé, c’en était fait de lui et de son avenir ?

— Oui ! oui ! j’ai entendu tout cela.

— Eh bien ! Marian, quand nos autres ressources nous auront manqué, je prétends arriver à la connaissance du secret. Je suis encore hanté, même aujourd’hui, par mon ancienne superstition. Je persiste à dire que la Femme en blanc exerce son influence encore vivante sur notre triple existence. Le but est marqué ; le but nous attire, et, du tombeau où elle repose, Anne Catherick continue à nous montrer le chemin…


V


Le récit de mes premières campagnes dans le Hampshire ne nous arrêtera pas longtemps.

Mon départ de Londres avait eu lieu d’assez bonne heure pour me permettre d’arriver chez M. Dawson dans le cours de la matinée. Notre conférence, du moins en ce qui touchait l’objet particulier de ma visite, n’eut aucun résultat dont je dusse me satisfaire.