Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/667

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rantie de quelque valeur. « Si j’eusse été connu dans la ville, ajouta-t-il, ma libération provisoire m’aurait été accordée sur mon simple engagement ; mais, étranger comme je l’étais, il lui fallait une autre responsabilité que la mienne. »

Toute la portée du stratagème me fut alors révélée. On s’était arrangé pour rendre l’ajournement indispensable, dans cette ville où je n’étais connu de personne, et où par conséquent je ne pouvais espérer d’être mis en liberté sous caution. L’ajournement, il est vrai, ne s’étendait qu’à soixante-douze heures, car nous devions être jugés à la prochaine audience du magistrat. Mais pendant ces trois jours où je serais strictement enfermé, Sir Percival pourrait prendre toutes les mesures à sa convenance pour gêner mes futures démarches, — peut-être pour se mettre à l’abri de toute découverte, — sans avoir à craindre aucun obstacle de ma part. Les trois jours expirés, on retirerait, sans aucun doute, cette accusation dérisoire, et la production du témoin deviendrait parfaitement inutile.

Mon imagination, mon désespoir, pourrais-je dire, devant cette odieuse combinaison qui paralysait absolument la suite de mes efforts, — combinaison en elle-même mesquine et si peu importante, mais si décourageante, néanmoins, et qui pouvait avoir de si sérieux résultats, — me rendit tout d’abord incapable de réfléchir aux meilleurs moyens de sortir du dilemme où l’on m’avait enfermé. Je fus assez insensé pour demander de quoi écrire, songeant à communiquer au magistrat, sous le sceau du secret, ma véritable position. L’inutilité, l’imprudence de cette démarche ne me frappèrent que lorsque j’eus tracé les premières lignes de la lettre projetée. Ce ne fut qu’après avoir repoussé le papier loin de moi, — et, j’ai honte de le dire, après m’être laissé dominer par l’espèce de désespoir où me jetaient les embarras de ma situation, — que tout à coup s’offrit à mon esprit la marche à suivre dont sir Percival ne s’était pas avisé, très-probablement, et qui, dans un laps de temps fort court, devait me rendre à la liberté. Je résolus de