Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/682

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Inutile d’espérer ! La clef de l’église et la clef de la sacristie sont au même anneau ; toutes deux sont là dedans !… Oh ! monsieur, nulle chance de le tirer de là. Il n’est déjà plus que cendres et poussière !

— De la ville, ils vont voir l’incendie, cria une voix partie des groupes d’hommes dispersés derrière moi. Ils ont une pompe, à la ville… Ils viendront sauver l’église…

J’appelai cet homme ; — « lui », du moins, était dans son bon sens ; — je lui dis de venir me parler. Un quart d’heure tout au moins devait s’écouler avant l’arrivée des pompiers, de la ville neuve. Je ne me sentais pas capable de passer tout ce temps dans l’inaction. En dépit de ma propre raison, je voulais me persuader que le malheureux, irrévocablement condamné, irrévocablement perdu, n’avait peut-être pas encore, étendu sans connaissance, rendu le dernier soupir. En brisant la porte, ne pouvions-nous pas le sauver ? Je connaissais la force de la massive serrure, — je connaissais l’épaisseur de ce chêne revêtu de clous, — je savais complètement inutile d’attaquer l’un ou l’autre par les moyens ordinaires. Mais, bien certainement, on devait trouver encore quelques poutres dans ces cottages démantelés qui avoisinaient l’église. Si on s’en procurait une, si on s’en servait comme d’un bélier contre cette porte maudite !…

Cette pensée jaillit en moi comme le feu, naguère, jaillissait de ce châssis que j’avais brisé. Je m’adressai à l’homme qui avait parlé le premier des secours à espérer de la ville : — Avez-vous vos pioches sous la main ?… — Oui ; il les avait… — Et une hache, une scie, un bout de corde ?… — Oui ! oui ! oui ! La lanterne en main, je parcourais les rangs des villageois : — Cinq shillings par tête à tout homme qui vient m’aider !… Ces paroles semblèrent les ressusciter tout à coup. Cette seconde faim des misérables, — la faim de l’or, — leur eut bientôt communiqué une activité tumultueuse : — Que deux de vous apportent des lanternes, si l’on en peut trouver ; deux autres se chargeront des pioches et des outils ! le reste avec moi pour chercher une poutre !… Ils m’accla-