Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/707

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mistress Clements qui n’aimait pas, je suppose, à en être témoin, offrit d’emmener Anne dans la capitale, où elle allait s’établir. J’aurais dit « oui » si, dans cette question des vêtements blancs, mistress Clements ne s’était pas mise du côté de ma fille. Mais, ayant décrété que celle-ci ne s’habillerait pas en blanc, et attendu que j’avais pris mistress Clements en grippe pour s’être permis de la soutenir contre moi, je dis « non » et c’était « non », et « non » fut mon dernier mot. Il s’ensuivit que ma fille resta près de moi ; et de là vint, à son tour, notre première querelle un peu sérieuse, à propos du secret.

La chose eut lieu longtemps après l’époque dont je viens d’écrire l’histoire. J’étais établie, depuis des années, dans la ville neuve, m’appliquant par la vie que j’y menais à miner peu à peu ma mauvaise réputation, et gagnant lentement du terrain sur les respectables habitants avec qui j’avais engagé la lutte. C’était pour moi une grande condition de succès que d’avoir ma fille chez moi. Son caractère inoffensif, et cette fantaisie de s’habiller en blanc, lui attiraient une certaine sympathie. Ceci fut cause que je cessai de lutter contre ce penchant favori ; car une portion des sympathies qu’elle inspirait devaient nécessairement m’échoir à la longue. C’est ce qui arriva, effectivement. Je date de cette époque le choix qui me fut donné entre les deux meilleures stalles à louer dans l’église ; et du jour où j’eus ma stalle, je date le premier salut que j’obtins du « clergyman. »

J’en étais là, ma foi, lorsqu’un jour je reçus une lettre de ce gentleman si bien né (maintenant, on peut ajouter : si bien mort), en réponse à une des miennes, par laquelle je l’avertissais, conformément au traité, que je désirais quitter momentanément la ville pour changer un peu d’air et d’existence.

Je suppose que, lorsqu’il avait reçu ma lettre, le mauvais côté de son caractère devait prédominer ; car il me répondit par un refus, et conçu dans des termes si insolents que je perdis à l’instant même tout empire sur moi. Je l’insultai devant ma fille, le traitant de « vil imposteur que je ruinerais à jamais s’il me plaisait d’ouvrir la