Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/715

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écriture publique ; et mon objet unique, en conservant la lettre, était de la faire servir plus tard à éclaircir le dernier mystère qui semblait se jouer de ma pénétration, — celui qui enveloppait encore l’apparentage d’Anne Catherick du côté paternel. Il y avait dans la relation de sa mère une ou deux phrases auxquelles il pourrait être utile de recourir, quand les recherches d’une importance plus immédiate me laisseraient le loisir de courir après les preuves qui me manquaient encore. Je ne désespérais nullement de les trouver, et mon désir à cet égard n’avait rien perdu de son ardeur, car je me sentais toujours aussi intéressé à connaître le père de l’infortunée créature qui reposait maintenant dans le tombeau de mistress Fairlie.

Je recachetai, en conséquence, la lettre de mistress Catherick, et soigneusement la mis de côté dans mon portefeuille, pour l’y retrouver au besoin quand le temps serait venu.

Le jour suivant était le dernier que je dusse passer dans le Hampshire. Une fois que j’aurais comparu de nouveau devant le magistrat de Knowlesbury et assisté à la seconde séance de l’enquête ajournée, je recouvrerais la liberté de retourner à Londres par le train de l’après-midi ou celui du soir.

Ma première course du matin fut, comme à l’ordinaire, ma visite quotidienne au bureau de poste, mais il me sembla, lorsque la lettre me fut remise, qu’elle n’avait pas son poids habituel. Je déchirai l’enveloppe avec inquiétude, et ne trouvai à l’intérieur qu’une petite bande de papier, pliée en deux. Les quelques lignes, raturées, écrites à la hâte, qu’on y avait tracées, renfermaient seulement ces mots :

« Revenez aussitôt que vous pourrez. J’ai été contrainte à changer de domicile. Nous vous attendons au no 5 de Gower’s Walk, Fulham. Je serai aux aguets pour vous voir arriver. N’ayez point d’inquiétude sur notre compte. Nous sommes toutes deux saines et sauves. Revenez pourtant !

» MARIAN. »