Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/732

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Assurés, maintenant, que M. Philip Fairlie avait habité Varneck-Hall dans l’automne de 1826, et que mistress Catherick s’y trouvait, comme femme de chambre, à la même époque, nous savions en même temps ; — en premier lieu, qu’Anne était née au mois de juin 1827 ; — secondement, qu’elle avait toujours ressemblé à Laura d’une manière frappante ; — et, troisièmement, que Laura ressemblait merveilleusement à son père. M. Philip Fairlie avait été un des hommes les plus remarquablement beaux de son époque. Différent, en tous points, de son frère Frederick, il était l’enfant gâté du monde, surtout des femmes ; — homme de cœur léger, de facile humeur, d’impulsions généreuses ; généreux jusqu’à la prodigalité ; naturellement relâché dans ses principes, et connu par son indifférence à toute obligation morale dérivant de ses rapports avec les femmes. Tels étaient les faits connus de nous ; tel était le caractère de l’homme. Il est bien inutile, à coup sûr, d’indiquer ce qu’on en devait conclure.

En la lisant à cette clarté nouvelle qui venait de jaillir pour moi, la lettre même de mistress Catherick venait, en dépit d’elle, corroborer pour sa petite part la conclusion à laquelle j’avais été conduit. Elle avait représenté mistress Fairlie (en m’écrivant) comme une « femme laide » qui était parvenue à se faire épouser par « le plus bel homme de toute l’Angleterre. » Ces deux assertions étaient tout à fait gratuites, et, de plus, tout à fait mensongères. Une déplaisance jalouse (qui, chez une femme comme mistress Catherick, devait s’exprimer par de mesquins sarcasmes plutôt que de ne pas s’exprimer du tout) me paraissait être la seule cause qu’on pût assigner à l’insolence toute particulière de son allusion à l’égard de mistress Fairlie, alors que cette allusion elle-même n’avait aucune raison d’être.

La mention que nous faisons ici du nom de mistress Fairlie suggère assez naturellement une autre question. Soupçonna-t-elle jamais qui pouvait être le père de l’enfant qu’on lui avait conduite à Limmeridge ?

Sur ce point, le témoignage de Marian était positif. La