Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/740

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tion gravée sur sa tombe — deux faits écrasants ? Non certainement ! nous pourrions tout au plus espérer de réussir à jeter un doute sérieux sur l’affirmation de sa mort, — doute qu’ensuite pourrait seule consolider une enquête légale. J’admettrai que nous possédions (et certes nous sommes loin de l’avoir) l’argent nécessaire pour suivre cette enquête à tous ses degrés. J’admettrai qu’à force de bonnes raisons, nous venions à bout des préjugés de M. Fairlie ; que le faux témoignage du comte, celui de sa femme, et tous les autres faux témoignages soient réfutés ou détruits ; qu’on ne puisse plus attribuer à une confusion, entre Laura et Anne Catherick, la reconnaissance obtenue, et que nos ennemis renoncent à présenter, comme une fraude habile, la ressemblance parfaite des deux écritures, — toutes suppositions hautement contraires à la probabilité, mais que je veux néanmoins admettre, — eh bien, demandons-nous ce que sera le résultat des premières questions adressées à Laura elle-même, touchant le complot dont on a voulu la rendre victime. Nous ne savons que trop ce qui en arrivera, — car nous savons qu’elle n’a recouvré aucun souvenir de ce qui s’est passé à Londres, par rapport à elle. Qu’on l’examine en secret ou en public, elle est absolument incapable de venir en aide à la revendication de son propre droit. Si vous ne voyez pas ceci, Marian, tout aussi clairement que je le vois, nous irons dès demain à Limmeridge pour tenter l’épreuve.

— Je le vois, Walter. Quand bien même nous aurions les moyens de défrayer toutes les dépenses d’un procès, quand bien même nous finirions par l’emporter, les délais à subir seraient intolérables, et, après ce que nous avons souffert déjà, l’hésitation dans laquelle il nous faudrait vivre perpétuellement aurait de quoi nous briser le cœur. Vous avez toute raison de penser que le voyage à Limmeridge se ferait en pure perte. Je voudrais me sentir aussi certaine que vous avez également raison, en vous obstinant à tenter avec le comte cette chance suprême. Y a-t-il réellement là une chance quelconque ?