Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/769

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à la tête du lit, et contempler de près ce visage adoré, — de si près que son souffle, allant et venant caressait mon front et mes joues. À peine osai-je poser mes lèvres sur sa main et sur sa tête, au moment de m’éloigner. Dormant encore, elle changea de position et murmura mon nom, mais sans ouvrir les yeux. À la porte, je m’arrêtai de nouveau pour lui jeter un regard. — Que Dieu, ma bien-aimée, vous bénisse et veille sur vous !… murmurai-je en la quittant sur l’escalier. Marian m’attendait. Elle tenait à la main un papier plié.

— Le fils du propriétaire a rapporté ceci pour vous, me dit-elle. Il a ramené à la porte un cabriolet. Il prétend que vous lui avez enjoint de le garder pour votre usage.

— Il dit vrai, Marian. J’ai besoin du cabriolet… Je vais sortir encore…

Tout en parlant, je descendais l’escalier, et j’entrai dans le salon pour lire, à la clarté de la lampe placée sur la table, le papier qui venait de m’être remis. Il contenait ces deux phrases, de la main de Pesca :

« Votre lettre est reçue. Si je ne vous vois pas avant l’heure indiquée, je romprai le cachet au coup de l’horloge. »

Je plaçai le papier dans mon portefeuille, et m’acheminai vers la porte. Marian m’arrêta sur le seuil, et me repoussa doucement dans le salon, où les clartés de la lampe tombaient en plein sur mon visage. Elle me tenait par les deux mains, et ses yeux chercheurs ne quittaient plus mes yeux.

— Je le vois, dit-elle d’une voix basse, mais émue ; vous allez ce soir tenter la dernière chance.

— Oui, lui répondis-je du même ton. La dernière et la meilleure.

— Mais non pas seul !… Non pas seul, Walter, pour l’amour de Dieu ! Souffrez que j’aille avec vous. Parce que je ne suis qu’une femme, n’allez pas me refuser ! je vous accompagnerai ; il faut que je vous accompagne ! Je n’entrerai pas, je resterai dans le cabriolet…

Et il me fallut, à mon tour, la retenir de force. Elle