Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/777

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renseignements qui peuvent être exacts ou qui peuvent être mensongers ; — où vous les êtes-vous procurés ?

— Je ne vous le dirai point.

— N’importe : je saurai bien le découvrir. Si ces renseignements sont exacts, — remarquez bien que j’appuie très-expressément sur le mot « si », — c’est par une trahison, ou de vous ou de quelqu’autre, que vous avez été mis à même d’en venir faire ici l’objet d’un marché quelconque. Je noie cette circonstance, pour m’en servir plus tard, dans ma mémoire qui n’oublie rien, et je continue… Il leva un autre doigt ; — Seconde question ! Ces lignes que vous m’avez invité à lire, ne portent point de signature. Qui les a écrites ?

— Un homme sur lequel j’ai toute raison de compter, et que vous avez, vous, toute raison de craindre…

Ma réponse produisit sur lui quelque effet. J’entendis frémir sa main gauche dans le tiroir.

— Combien de temps me donnez-vous, demanda-t-il, posant cette troisième question d’un ton plus calme, avant que « le cachet ne soit rompu au coup de l’horloge ! »

— Tout le temps nécessaire, lui répondis-je, pour que vous en veniez à mes fins.

— Soyez un peu plus explicite, monsieur Hartright. À quelle heure l’horloge doit-elle sonner ?

— À neuf heures, demain matin.

— À neuf heures, demain matin ? Fort bien ; je comprends maintenant. Le piège est calculé de manière à ce que je n’aie pas le temps de faire viser mes passeports et de quitter Londres. Je suppose que vous ne me trompez pas, et que l’heure ne sera pas devancée ? Nous aviserons à cela tout à l’heure ; — je puis vous garder ici comme otage, et traiter avec vous de manière à faire revenir votre lettre avant que vous n’ayez congé de vous en aller. En attendant, soyez assez bon, maintenant, pour me faire connaître vos exigences.

— Je vais vous les dire. Elles sont simples et ne nous tiendront pas longtemps. Vous savez quels intérêts je représente ici ?…