Page:Collins - La Femme en blanc.djvu/817

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conspiration, dont j’avais mis le plan bien en relief, n’appuyant guère, d’ailleurs, que sur les motifs pécuniaires qui l’avaient inspirée, et me gardant bien de compliquer mon exposé de faits par d’inutiles allusions au secret de sir Percival. Après cela, je rappelai à mon auditoire la date que portait l’inscription gravée dans le cimetière (le 25 juillet), et j’en confirmai l’exactitude en produisant les certificats de décès. Je leur lus ensuite la lettre de sir Percival, datée du 25, et par laquelle il annonçait pour le 26 le voyage que sa femme allait faire du Hampshire à Londres. De là, je passai à la preuve que ce voyage s’était réellement accompli, preuve résultant de l’attestation personnelle du cocher de remise ; et j’établis la date exacte du voyage, au moyen du registre d’ordre tenu par le loueur de carrosses. Marian ajouta le récit de sa rencontre fortuite avec Laura dans la maison d’aliénés, et des moyens par lesquels elle avait fait évader sa sœur. Là-dessus je terminai, en informant les personnes présentes que sir Percival était mort et que j’avais épousé sa veuve.

M. Kyrle se leva, lorsque je me fus rassis, pour déclarer en sa qualité d’agent légal de la famille que j’avais produit, à l’appui de mes assertions, les témoignages les plus clairs, les plus irréfragables qu’il eût jamais entendus de sa vie. Au moment où il prononçait ces paroles, je passai mon bras autour de la taille de Laura et je la soulevai de manière à ce que chacun des assistants pût la contempler à son aise : — Êtes-vous tous du même avis ? demandai-je ensuite, faisant quelques pas vers eux et leur montrant ma chère femme.

L’effet de cette question fut électrique. Tout au fond de la longue galerie, un des plus vieux tenanciers du domaine se leva soudainement, et avec lui, à l’instant même, entraîna le reste de l’assistance. Je vois encore cet homme, avec sa figure brune et ses cheveux gris, monté sur l’appui de la fenêtre, brandissant sur sa tête son lourd fouet de poste, et donnant le signal des clameurs joyeuses : — La voilà vivante ! la voilà guérie ! — Dieu la bénisse !… Allons, mes enfants ! c’est le cas de se