Page:Comédie humaine - Répertoire.djvu/13

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ment, c’est une espèce de table des matières d’un ordre unique ; une table des matières vivante !

Bien des balzaciens l’ont rêvée, la constitution de cet état civil. J’en ai connu, pour ma part, cinq ou six qui avaient commencé ce singulier travail. Pour ne citer que deux noms entre plusieurs autres, l’idée de ce Vapereau fantaisiste avait traversé la tête du subtil et délicat observateur, M. Henri Meilhac, et celle de ce criminaliste en feuilletons, Émile Gaboriau. Je crois bien, moi-même, avoir, parmi les papiers de ma dix-huitième année, quelques feuillets couverts de notes prises à la même intention. Mais le travail était trop considérable. Il y fallait une patience infinie jointe à une inextinguible ardeur d’enthousiasme. Les deux fidèles du Maître qui se sont réunis pour lui élever ce monument n’auraient peut-être pas surmonté les difficultés de cette entreprise, s’ils ne s’étaient appuyés l’un sur l’autre, apportant à l’œuvre commune, M. Christophe sa minutieuse méthode, M. Cerfberr son implacable mémoire, sa foi passionnée dans le génie du grand Honoré, une foi à transporter sans faiblir des montagnes de documents. Il y aurait un joli chapitre de reportage littéraire à écrire sur l’histoire de cette collaboration. Chapitre mélancolique, car il s’y rattache le souvenir du charmant homme qui, le premier, rapprocha MM. Cerfberr et Christophe, et qui depuis est mort bien tristement ! Il s’appelait Albert Allenet et rédigeait en chef une vaillante petite revue, la Jeune France, qu’il trouva le moyen de soutenir pendant des années avec une persévérance digne d’un des hommes d’affaires de la Comédie humaine. Je le vois encore fébrile, usé, mais avec son visage toujours animé par la passion, m’accostant dans