Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 7.djvu/267

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cause première le vide d’idées justes et l’abondance trop grande d’idées vagues et confuses.

Réflexions sur la méthode d’enseigner.

On n’exercera pas les enfants à apprendre beaucoup de mémoire, mais on leur fera rendre compte de l’histoire, de la description qu’ils viennent de lire, du sens d’un mot qu’ils viennent d’écrire, et par là ils apprendront à retenir les idées, ce qui vaut mieux que de répéter les mots. Ils apprendront en même temps à distinguer celles des expressions qui ne peuvent être changées sans dénaturer le sens, et qu’il faut conserver rigoureusement dans la mémoire. Enfin, on y trouvera, de plus, cet avantage, que les élèves dont la mémoire est ingrate ne se fatigueront pas inutilement, tandis que ceux qui possèdent cette faculté à un plus haut degré, mais qui ont une intelligence plus faible, apprendront à retenir avec exactitude, supplément utile à ce que la nature leur a refusé d’esprit.

En examinant ce tableau d’une première instruction, nous espérons qu’on y verra le triple avantage de renfermer les connaissances les plus nécessaires, de former l’intelligence en donnant des idées justes, en exerçant la mémoire et le raisonnement ; enfin, de mettre en état de suivre une instruction plus étendue et plus complète. En remplissant le premier but de l’éducation, qui doit être de développer, de fortifier, de perfectionner les facultés naturelles, on aura choisi, pour les exercer, des objets qui deviendront,