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La médecine d’Hippocrate n’étoit qu’une science d’observation, qui n’avoit pu conduire encore qu’à des méthodes empyriques. L’esprit de secte, le goût des hypothèses l’infecta bientôt ; mais si le nombre des erreurs l’emporta sur celui des vérités nouvelles, si les préjugés ou les systêmes des médecins firent plus de mal que leurs observations ne purent faire de bien, cependant on ne peut nier que la médecine n’ait fait, durant cette époque, des progrès foibles, mais réels.

Aristote ne porta dans la physique, ni cette exactitude, ni cette sage réserve, qui caractérisent son histoire des animaux. Il paya le tribut aux habitudes de son siècle, à l’esprit des écoles, en la défigurant par ces principes hypothétiques qui, dans leur généralité vague, expliquent tout avec une sorte de facilité, parce qu’ils ne peuvent rien expliquer avec précision.

D’ailleurs, l’observation seule ne suffit pas ; il faut des expériences : elles exigent des instrumens ; et il paroît qu’on n’avoit pas alors assez recueilli de faits, qu’on ne