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On y exposoit, on y défendoit, on y combattoit les opinions des autres philosophes, mais comme des hypothèses propres à exercer l’esprit, et pour faire sentir davantage, par l’incertitude qui accompagnoit, ces disputes, la vanité des connoissances humaines, et le ridicule de la confiance dogmatique des autres sectes.

Mais ce doute, qu’avoue la raison, quand il conduit à ne point raisonner sur les mots auxquels nous ne pouvons attacher des idées nettes et précises, à proportionner notre adhésion au degré de la probabilité de chaque proposition, à déterminer, pour chaque classe de connoissances, les limites de la certitude que nous pouvons obtenir ; ce même doute, s’il s’étend aux vérités démontrées, s’il attaque les principes de la morale, devient ou stupidité ou démence ; il favorise l’ignorance et la corruption : et tel est l’excès où sont tombés les sophistes, qui remplacèrent dans l’académie les premiers disciples de Platon.

Nous exposerons la marche de ces sceptiques, la cause de leurs erreurs ; nous chercherons ce que, dans l’exagération de leur