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doctrine, on doit attribuer à la manie de se singulariser par des opinions bizarres ; nous ferons observer que, s’ils furent assez solidement réfutés par l’instinct des autres hommes, par celui qui les dirigeoit eux-mêmes dans la conduite de leur vie, jamais ils ne furent, ni bien entendus, ni bien réfutés par les philosophes.

Cependant ce scepticisme outré n’avoit pas entraîné toute la secte académique ; et cette opinion d’une idée éternelle du juste, du beau, de l’honnête, indépendante de l’intérêt des hommes, de leurs conventions, de leur existence même, idée qui, imprimée dans notre ame, devenoit pour nous le principe de nos devoirs, et la règle de nos actions, cette doctrine, puisée dans les dialogues de Platon, continuoit d’être exposée dans son école, et y servoit de base à l’enseignement de la morale.

Aristote ne connut pas mieux que ses maîtres l’art d’analyser les idées, c’est-à-dire, de remonter par degrés jusqu’aux idées les plus simples qui sont entrées dans leur combinaison, d’observer la formation