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mentent et déchirent le cœur livré à leur amertume et à leurs fureurs ; celui de cultiver au contraire les affections douces et tendres, de se ménager les voluptés qui suivent la pratique de la bienfaisance, de conserver la pureté de son ame pour éviter la honte et les remords qui punissent le crime, pour jouir du sentiment délicieux qui récompense les belles actions : telle est la route qui conduit à la fois et au bonheur et à la vertu.

Épicure ne voyoit dans l’univers qu’une collection d’atomes, dont les combinaisons diverses étoient soumises à des lois nécessaires. L’ame humaine étoit elle-même une de ces combinaisons. Les atomes qui la composoient, réunis à l’instant où le corps commençoit la vie, se dispersoient au moment de la mort, pour se réunir à la masse commune, et entrer dans de nouvelles combinaisons.

Ne voulant pas heurter trop directement les préjugés populaires, il avoit admis des Dieux ; mais indifférens aux actions des hommes, étrangers à l’ordre de l’univers,