Page:Condorcet Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(157)

consacré par l’absolution d’un prêtre, ouvroit le ciel aux scélérats ; des dons à l’église, et quelques pratiques qui flattoient son orgueil, suffisoient pour expier une vie chargée de crimes. On alla même jusqu’à former un tarif de ces absolutions. On comprenoit avec soin parmi ces péchés, depuis les foiblesses les plus innocentes de l’amour, depuis les simples désirs, jusqu’aux raffinemens et aux excès de la débauche la plus crapuleuse. On savoit que presque personne ne pouvoit échapper à cette censure ; et c’étoit une des branches les plus productives du commerce sacerdotal. On imagina jusqu’à un enfer d’une durée limitée, que les prêtres avoient le pouvoir d’abréger, dont ils pouvoient même dispenser ; et ils faisoient acheter cette grâce, d’abord aux vivans, ensuite aux parens, aux amis des morts. Ils vendoient des arpens dans le ciel pour un nombre égal d’arpens terrestres ; et ils avoient la modestie de ne pas exiger de retour.

Les mœurs de ces temps malheureux, furent dignes d’un systême si profondément corrupteur.

Les progrès de ce même systême ; des