Page:Condorcet Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.djvu/187

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(179)

Cependant, les arts mécaniques commencèrent à se rapprocher de la perfection qu’ils avoient conservée en Asie. La culture de la soie s’introduisoit dans les pays méridionaux de l’Europe ; les moulins à vent, les papeteries, s’y étoient établis ; l’art de mesurer le temps y avoit passé les limites, où il s’étoit arrêté chez les anciens et chez les Arabes. Enfin deux découvertes importantes marquent cette même époque. La propriété qu’a l’aimant de se diriger vers un même point du ciel, propriété connue des Chinois, et même employée par eux à guider les vaisseaux, fut aussi observée en Europe. On y apprit à se servir de la boussole, dont l’usage y augmenta l’activité du commerce, y perfectionna l’art de la navigation, y donna l’idée de ces voyages, qui depuis ont fait connoître un monde nouveau, et permis à l’homme de porter ses regards sur toute l’étendue du globe où il est placé. Un chimiste, en mêlant le salpêtre à une matière inflammable, trouva le secret de cette poudre, qui a produit une révolution inattendue dans l’art de la guerre. Malgré les effets terribles des armes à feu, en éloignant les combattans, elles ont rendu