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énergique. Boccace a de la grâce, de la simplicité, de l’élégance. L’ingénieux et sensible Pétrarque n’a point vieilli. Dans cette contrée, dont l’heureux climat se rapproche de celui de la Grèce, on étudioit les modèles de l’antiquité ; on essayoit de transporter dans la langue nouvelle quelques-unes de leurs beautés ; on tâchoit de les imiter dans la leur. Déjà quelques essais faisoient espérer que, réveillé par la vue des monumens antiques, instruit par ces muettes mais éloquentes leçons, le génie des arts alloit, pour la seconde fois, embellir l’existence de l’homme, et lui préparer ces plaisirs purs dont la jouissance est égale pour tous, et s’accroît à mesure qu’elle se partage.

Le reste de l’Europe suivoit de loin ; mais le goût des lettres et de la poésie y commençoit du moins à polir les langues encore barbares.

Les mêmes motifs, qui avoient forcé les esprits à sortir de leur longue léthargie, devoient aussi diriger leurs efforts. La raison ne pouvoit être appelée à décider les