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vité qui ne se reposât jamais ? Comment, si même on parvenoit à écarter ces vérités trop palpables qui blessent directement les intérêts des inquisiteurs, empêcheroit-on de pénétrer, de se répandre, celles qui renferment ces vérités proscrites, sans trop les laisser appercevoir, qui les préparent, qui doivent un jour y conduire ? Le pourroit-on, sans être forcé de quitter ce masque d’hypocrisie, dont la chute seroit presque aussi funeste que la vérité, à la puissance de l’erreur ? Aussi verrons-nous la raison triompher de ces vains efforts ; nous la verrons, dans cette guerre, toujours renaissante et souvent cruelle, triompher de la violence comme de la ruse ; braver les bûchers et résister à la séduction, écrasant tour-à-tour sous sa main toute-puissante, et l’hypocrisie religieuse qui exige pour ses dogmes une adoration sincère, et l’hypocrisie politique qui conjure à genoux de souffrir qu’elle profite en paix des erreurs, dans lesquelles il est, à l’en croire, aussi utile aux peuples qu’à elle-même de les laisser à jamais plongés.

L’invention de l’imprimerie coïncide