Page:Condorcet Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(194)

couer le joug, que de se croire le droit de choisir un maître.

La lecture d’Euclide, d’Archimède, de Diophante, d’Hippocrate, du livre des animaux, de la physique même d’Aristote, ranimèrent le génie de la géométrie et de la physique ; et les opinions anti-chrétiennes des philosophes, réveillèrent les idées presque éteintes des anciens droits de la raison humaine.

Des hommes intrépides, guidés par l’amour de la gloire et la passion des découvertes, avoient reculé pour l’Europe les bornes de l’univers, lui avoient montré un nouveau ciel, et ouvert des terres inconnues. Gama avoit pénétré dans l’Inde, après avoir suivi avec une infatigable patience l’immense étendue des côtes africaines ; tandis que Colomb s’abandonnant aux flots de l’océan Atlantique, avoit atteint ce monde jusqu’alors inconnu, qui s’étend entre l’occident de l’Europe, et l’orient de l’Asie.

Si ce sentiment, dont l’inquiète activité,